Les oeuvres de Mozart présentées dans ce programme sont ce qu’on pourrait appeler des oeuvres « de circonstance ». Durant tout le XVIIIe siècle et jusque dans les premières décennies du siècle suivant, les cours princières des régions de langue germanique emploient des instrumentistes à vent pour assurer leur musique « fonctionnelle » : défilés militaires, musique de table, divertissements en intérieur, et en extérieur. L’Harmoniemusik composée pour ces ensembles (habituellement un sextuor à vent avec des paires de hautbois, cors et bassosn, augmenté d’une paire de clarinettes plus tardivement) va connaître un engouement spectaculaire sur la période, pour devenir un « genre » à part entière, et inspirer des partitions d’une d’écriture très élaborée, comme en témoignent les octuors de Mozart, Beethoven, Druschetzky et Krommer.

Mozart, après la composition de ses deux grand octuors K.375 et K.388 en 1782, s’adonne aux transcriptions de ses opéras pour ensemble à vent (aujourd’hui perdues) pour satisfaire à la mode de jouer ces musiques en version instrumentale dans un cadre privé. Vous entendrez ici des extraits des Noces de Figaro dans une transcription pour l’effectif « idéal » de la Gran Partita, réalisée par le hautboïste et chef d’orchestre Alfredo Bernardini.

La Gran Partita est elle une oeuvre unique en son genre : aucun autre compositeur de cette époque n’a écrit pour un ensemble à vent aussi élargi ! A l’octuor à vent de base s’ajoutent une paire de cors supplémentaires, une paire de cors de basset (clarinette ténor) et une contrebasse. Le résultat est un édifice sonore inédit, qui surprend tout autant par ses diversités de timbre que par l’inventivité d’écriture dont Mozart a fait preuve dans sa composition.