Notre ensemble, constitué initialement de deux hautboïstes, un bassoniste et un continuiste, a toujours été guidé dans le travail instrumental par une recherche de vocalité. Après une fructueuse résidence autour des œuvres vocales de Zelenka en février 2018 à l’invitation de la Fondation Cini à Venise, nous avons décidé d’entamer un partenariat de longue durée avec des chanteurs. L’aspect vocal des instruments à vent est une caractéristique qui a toujours beaucoup influencé les compositeurs dans leur écriture et dans leur choix d’instrumentation. Le hautbois a été largement utilisé a partir de  1670, dès les premières années de son existence : les compositeurs l’ont immédiatement identifié comme un partenaire idéal pour accompagner les voix, et J.S. Bach a été l’un de ceux qui l’ont utilisé avec la plus grande diversité et la plus grande complexité d’écriture.

Dialogus : c’est par ce terme qu’il désigne les dialogues spirituels qui constituent certaines de ses cantates d’église. À travers un choix judicieux d’extraits d’œuvres, nous souhaitons explorer l’univers construit autour de ces « dialogues sacrés ». Ils s’échangent entre l’âme chrétienne, incarnée par une voix de soprano, et Jésus, incarné par une voix de basse. Le dialogue entre l’Âme et Jésus constitue une mise en scène très puissante dans le contexte de la prédication luthérienne, où le chrétien assiste à la représentation sonore d’une communication directe avec Dieu. Si Bach a développé ces dialogues dans des œuvres entières (BWV 32, 49, 57, 58, 59), il lui est arrivé dans de nombreuses cantates de composer également des récits ou des airs isolés dans des configurations similaires, afin de créer une interaction dramatique au service du message religieux.

Notre projet fut de recréer une dramaturgie interne par des choix pertinents dans la succession des récits et des airs, avec la volonté d’éclairer cette thématique singulière de l’œuvre de J.S Bach. Dans ce nouveau drame musical, nous proposons à l’auditeur d’expérimenter le désarroi, l’errance, puis la lumière de l’espoir, et enfin la félicité gagnée, thèmes dont la succession ainsi exposée constitue en réalité l’architecture d’un grand nombre de cantates de Bach.