Au cours des années 1770-1820 les formations d’instruments à vent furent extrêmement populaires dans l’Empire des Habsbourg, qui comprenait des territoires très vastes allant de la mer Adriatique à la mer Baltique et de la Belgique aux frontières Est de l’actuelle Tchéquie. Ces groupes d’instruments étaient originellement employés pour les divertissements d’extérieurs (célébrations, « tafelmusik ») et pour servir les harmonies militaires.

A partir du moment où l’Empereur Joseph II place un octuor permanent à son service, chaque petite cour princière cherche à l’imiter et à se doter d’une Harmonie à 8 parties. La raison de l’adoption de cette formation dans les royaumes de l’Empire fut également motivée par le goût pour les opéras : l’habitude était d’en réaliser des transcriptions pour octuor à vent afin de pouvoir écouter dans toutes les situations des extraits instrumentaux des dernières créations à la mode avec un nombre réduit de musiciens. 

Le très haut niveau des instrumentistes à vent, notamment issus de Bohême, conduira de nombreux compositeurs à leur écrire des pages d’un grand raffinement, et ils trouveront dans l’ « Harmoniemusik » un genre propre à servir leurs plus belles idées musicales. Mozart, Beethoven, Krommer, ou Rosetti pour ne citer que quelques noms, pousseront l’écriture pour octuor jusqu’à des niveaux élevés de complexité, et exploiteront les ressources les plus spectaculaires permis par cet effectif en termes de combinaisons de timbres et d’effets dynamiques.