Quand Mozart écrit sa Sérénade en do mineur KV 388/384a, les formations de vents sont en vogue dans la Vienne de la fin du XVIIIè siècle. Depuis que l’empereur Joseph II a mis à sa disposition personnelle huit solistes de renom, toutes les cours voisines cherchent à l’imiter. On utilise ces ensembles pour toutes les occasions festives : banquet, mariages, fêtes populaires. Le répertoire de ces Harmonie est mêlé de musiques de divertissement et de transcriptions d’opéra à la mode, souvent dans leur intégralité.
La Sérénade en do mineur composée en 1782 ou 1783 témoigne par sa virtuosité du grand niveau que pouvait avoir ces formations. Probablement créée par l’harmonie de l’empereur, cette « Nachtmusik » en quatre mouvements sort du registre usuel et se révèle comme une pièce de concert.
Au début du XIXe siècle, les grands bouleversements politiques amènent la disparition progressive des cours, et donc de ces ensembles à vents. Alors que cette pratique se démode, certains nobles continuent d’avoir une Harmonie à leur disposition. C’est le cas du prince du Liechtenstein, qui emploie des musiciens jusqu’en 1830.
Parmi eux se trouve le clarinettiste Wenzel Sedlak (1776-1851), arrangeur de plus de 70 opéras et ballets de Rossini, Bellini ou encore Meyerbeer. C’est lui qui réalise l’arrangement de Fidelio de Beethoven pour sa première édition en 1814 ainsi que du Freischütz de Carl Maria Von Weber. Ces deux adaptations nous montrent le grand potentiel dramatique de cette formation instrumentale, qui rappelle à la fois l’orchestre et le chant.